Dans un État américain imaginaire, l'Arkadia, la récession des années 80 et
le chômage poussent la population à la révolte. Celle-ci se mue en révolution
lorsque le nouveau gouverneur David Bowles impose au peuple un régime économique
original, le distributisme fondé par l'économiste français Jacques Duboin,
régime permettant de tirer parti de l'abondance des produits de toute espèce et
des services pour allouer à chaque citoyen un revenu garanti, gagé sur la
production, de sa naissance à sa mort, indépendamment du travail fourni,
celui-ci n'occupant plus, d'ailleurs, que quelques années de l'existence des
gens.
Distributiste convaincu, l'auteur illustre – dans l'Amérique d'aujourd'hui,
celle de Reagan puis de Clinton – l'avènement d'un système économique né du
constat qu'après des millénaires de pénurie, l'humanité est enfin entrée dans
l'ère de l'abondance des biens. Les personnages principaux, enfants au début du
roman, deviennent progressivement les penseurs et les acteurs politiques de la
révolution abondantiste.
Au moment où les hommes au pouvoir en Europe comme aux États-Unis font preuve
d'un manque total d'idées quant au problème de l'emploi, considérant comme
irrémédiable la misère du plus grand nombre (les chômeurs) au sein de
l'abondance, le roman de Roger-Louis Junod propose le principe d'une révolution
pacifique n'attendant qu'une volonté politique pour remplacer le capitalisme
libéral en faillite.