En dépit de la désaffection des institutions (dogmes, morale, rites, clergés)
ecclésiastiques, la société contemporaine – individus et groupes – est aussi
religieuse que naguère, aussi avide de spirituel et disponible au sacré. Les
critères de référence hérités du passé ne suffisent plus à délimiter les
horizons où s'affirment des besoins spirituels dont la profusion est aussi
grande que la confusion.
Le seul domaine suffisamment cohérent pour servir de points de repère et
actuel pour faire valoir la spiritualité de notre temps, est l'univers
scientifique. Mais l'univers est beaucoup trop vaste : il faut choisir. On
peut choisir un secteur particulier, par exemple la sociologie, l'histoire, la
psychologie, la linguistique ou toute autre science humaine, et aboutir à une
délimitation parcellaire du phénomène religieux.
L'originalité du présent essai est d'avoir choisi un loi générale applicable
à tous les secteurs : la loi générale est la méthode scientifique. Bien sûr,
chaque domaine particulier a ses propres méthodes. Mais s'il est possible
d'énoncer un «discours des méthodes» (une méthodologie des sciences), on dispose
d'un instrument qui schématise l'ensemble des conduites scientifiques. Du coup,
la délimitation est beaucoup plus large, la vision plus ouverte, l'approche plus
intime.
La Méthode a des exigences qui font valoir la religion surtout sous aspects
d'expériences vécues, de conduites libératrices et de découvertes spirituelles.
Elle rend raison des symboliques (mythes, métaphores, rites) sans préjugés
confessionnels, mais condamne le dogmatisme des systèmes refermés sur des
fondements irréformables.
À cet égard, l'essai soulèvera quelques violentes oppositions. L'auteur
s'appuie sur son expérience pastorale pour affirmer sa conviction : le
cheminement spirituel dont il pose les principes méthodologiques, convient à
notre génération où il est temps que chacun, croyant ou non, accepte de se
conduire en adulte responsable de ses convictions intimes.
[4e page de couverture]