«Mon ami Chaïm Perelman m'a fait presque un devoir de lui fournir, pour ce
cahier, un article intitulé Mon itinéraire philosophique...»
C'est ainsi que s'ouvre le premier épisode de cet Itinéraire, le seul qui ait
été jusqu'ici publié. Il l'a été dans le numéro 93-94 de la Revue
internationale de philosophie avec des textes rassemblés par Edmond Bertholet en
l'honneur de Gonseth pour son quatre-vingtième anniversaire (1970).
Ce premier épisode couvre Les fondements des mathématiques (1926) et Les
mathématiques et la réalité (1936).
Gonseth a écrit encore deux épisodes : le deuxième est
intitulé L'idée de la science et mon différend avec
le Cercle de Vienne, le troisième L'idée de dialectique, Dialectica
et les Entretiens de Zurich. Selon le second entretien avec Z. Kourím,
Gonseth en prévoyait encore deux ou trois autres : «...le quatrième
aura pour titre : Stratégie de fondement et stratégie
d'engagement. Et puis, il y aura un cinquième chapitre sur l'idée
de référentiel et, pour finir, j'espère terminer par quelques
réflexions que je ne dépasserai plus».
Cet entretien date du 26 mars 1975; Gonseth devait mourir le 17 décembre de
la même année, sans avoir eu le temps de mener ces projets à terme.
Nous avons donc complété les trois premiers épisodes :
- par un article qui porte le même titre que le quatrième épisode projeté, et
que Gonseth a lui-même présenté comme en étant une version abrégée;
- par un article intitulé Pour mieux faire comprendre le problème du temps,
que Gonseth a publié en 1965 dans les Studia philosophica (vol. 25) pour
répondre à une recension par A. Mercier de son ouvrage Le problème du temps.
Nous avons supprimé la partie polémique de cette réponse, ne conservant que la
«recension» écrite par Gonseth à la troisième personne et qui devait, à ses
yeux, présenter l'ouvrage de façon plus équitable. Même s'il en est déjà
brièvement question dans Stratégie de fondement et stratégie d'engagement, il
nous a semblé important de réserver une place à cet ouvrage et à cette époque de
la vie intellectuelle de Gonseth.
- Enfin, pour respecter le projet de Gonseth, nous avons repris l'un des
articles de Le référentiel, univers obligé de médiatisation. Les deux épisodes
inédits n'étaient pas encore prêts pour l'impression; il a donc fallu les mettre
au net.
D'autre part, il faut garder à l'esprit les conditions dans lesquelles ces
textes ont été rédigés : ils ont été dictés sur feuilles magnétiques et Gonseth,
qui ne voyait presque rien, ne pouvait pas en corriger lui-même les
transcriptions, il pouvait tout au plus se les faire relire.
J'ai donc pris la liberté de procéder à quelques corrections dont on peut
supposer que Gonseth les aurait faites s'il avait pu se relire : rectifications
de ponctuation, suppression ou correction de phrases inintelligibles parce qu'un
mot avait été mal compris lors de la transcription, suppression d'un passage qui
en répétait, presque mot pour mot, une première version, etc. Ma longue
familiarité avec Gonseth et avec son univers de pensée m'a bien sûr aidé dans
cette tâche.
Enfin, dans Morale et méthode, j'ai supprimé certaines digressions dont le
contenu est certes intéressant, mais qui rompent la ligne générale de l'exposé.
Ceux qui veulent lire le texte intégral peuvent se reporter à celui qui a été
publié dans Le référentiel, univers obligé de médiatisation, ouvrage qui peut
toujours être obtenu au secrétariat de l'Association F. Gonseth.
Cet Itinéraire philosophique ne présente bien sûr pas seulement un intérêt
biographique et historique mais aussi un intérêt philosophique, donnant à
Gonseth l'occasion de dégager et de commenter ce qui lui paraissait essentiel et
de préciser sa pensée face aux autres tendances de la philosophie des sciences à
cette époque. Bien des choses s'éclairent à sa lecture, quant aux intentions de
Gonseth, aux thèmes qui lui tenaient à cœur et à ce qu'il refusait.
Enfin, nous avons ajouté à cet itinéraire deux interviews de Gonseth par
Z. Kourím, interviews dont l'intérêt est inégal, où Gonseth s'exprime très
librement, mais où certaines remarques sont assez éclairantes quant à sa
position.
Mes remerciements vont à mon ami Éric Emery, sans l'opiniâtreté duquel ces
textes n'auraient sans doute jamais vu le jour; c'est lui qui a eu l'idée
d'adjoindre à l'itinéraire les textes complémentaires et qui m'a conseillé dans
leur choix.
Soient également remerciés : la Revue internationale de Philosophie,
Dialectica, les Studia Philosophica et les éditions L'Âge
d'Homme pour leur aimable autorisation de reproduire le premier épisode
et les textes complémentaires.
[Introduction de F. Bonsack]