Colloque 2018 | ||||||||
Le référentiel selon Ferdinand GonsethColloque organisé par le Conseil scientifique et philosophique de l'Association
Ferdinand Gonseth | ||||||||
Dans les dernières années de son long itinéraire scientifique et philosophique, Ferdinand Gonseth a élaboré le concept de référentiel, qui mesure la part du sujet dans les connaissances objectives. Grâce au référentiel, ce qui est du sujet humain et ce qui n'est pas de lui apparaissent irréductiblement distincts et irréductiblement complémentaires. Leur rencontre s'effectue toujours dans cet horizon intermédiaire et mixte de la subjectivité et de l'objectivité. Ce faisant, il met en situation notre projet d'exister,1 inhérent à l'être vivant que nous sommes. Le sort de nos vies dépend de la nature idoine ou non du référentiel par lequel nous nous projetons dans le monde et le laissons venir à nous. Le référentiel se définit comme un instrument de médiation des pôles de la subjectivité et de l'objectivité, qui intervient à tous les niveaux de l'activité humaine. Le but du colloque vise à éclairer le pouvoir d'intervention du référentiel dans la recherche scientifique et ses répercussions décisives sur la destinée humaine. L'enjeu est aujourd'hui crucial. Ce référentiel est collectif, mais il n'existe et ne se renouvelle que dans les référentiels individuels qui y prennent part. Il opère la médiation de la conscience méthodologique des chercheurs et de leur conscience éthique qui les confronte à la responsabilité envers notre projet d'exister, inséparable de celui de tous les êtres vivants qui constituent la biodiversité. Mais il permet aussi d'articuler la vision de l'homme que nous offrent les sciences de la nature et celle que nous fournissent les sciences humaines, d'en faire deux miroirs dans lesquels nous pouvons tour à tour nous regarder dialectiquement,2 sans pouvoir ni les réduire à l'identique ni les séparer par une ligne de démarcation tranchée. Un humanisme engagé dans l'expérience pourrait alors se développer. Il valoriserait surtout le choix d'assumer notre responsabilité envers notre projet d'exister et, dans cette mesure, nous donnerait le droit d'espérer la poursuite de l'aventure humaine à travers les générations futures. [Pierre-Marie Pouget] Notes1 Le projet d'exister n'est pas intentionnel. Il est une propriété de l'invariance reproductive des êtres vivants. Des perturbations au hasard surviennent dans cette invariance, qui les conserve et qui peuvent être ainsi soumises à la sélection naturelle. De la sorte, l'être vivant que nous sommes, à l'instar de tous les êtres vivants, est porteur d'un projet d'exister, qui l'adapte à sa survie. 2 Nous regarder dialectiquement, c'est-à-dire sous la pression de l'expérience croisée des sciences de la nature et des sciences humaines, qui enrichit notre situation ou l'ébranle plus ou moins, nous obligeant à la réviser en conséquence. | ||||||||
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