L'expérience de poser la question «qui suis-je ?»
prend toute sa mesure pour l'écrivain Gaspard Cavé quand il s'aperçoit
qu'elle échappe au représentable et qu'il faut s'imaginer soi-même
inimaginable. Sur le chemin de cette quête, il rencontre un comte réputé
pour ses dons de guérisseur, et une jeune fille grecque qui deviendra sa
compagne. Ces trois personnages principaux du livre se montrent réceptifs
aux paysages, aux œuvres d'art, aux figuratifs du mystère qui les enveloppe.
Au cours du récit, ils sont entraînés à des variations
concertantes dont le foyer réside en l'accueil d'une lumière qui luit
dans les êtres et les choses. Ils la ressentent comme une énergie
immatérielle qui les ramène au plus intime d'eux-mêmes, à
leur regard unique, incarné dans ce qui fait dire : «c'est signé
untel».
Cette signature revêtira son sens le plus profond aux yeux de
l'écrivain après la mort tragique de sa compagne. Il comprendra que
son écriture récrit «ce qui est signé untel», qu'elle
reconstitue les traces d'où elle naît et se déploie. Comme ces
traces s'inscrivent dans le vif-argent de sa sensibilité, il doit s'en soucier
et leur obéir pour créer l'intrigue qui en noue le sens. Elles vont
témoigner d'un regard nouvellement rencontré, en dépit même
de la séparation de la mort.
[L'auteur, 4e page de couverture]