Livres écrits par des membres de l'Association F. Gonseth

François Bonsack : Information, thermodynamique, vie et pensée

Éditions de l'Aire, Vevey (2000).

Selon le deuxième principe de la thermodynamique (ou principe de Carnot), un système physique fermé évolue vers des états de plus en plus probables et désordonnés, et l'on retrouve une évolution analogue en théorie de l'information, dans la dégradation des messages. Au contraire, l'évolution biologique et la création artistique ou technologique produisent, à partir de l'informe, des structures ordonnées et improbables. Y a-t-il ou non contradiction, un pouvoir de la Vie et de l'Esprit qui transgresserait les lois de la matière inanimée ? – Pour répondre à cette question, l'auteur en pose d'abord un certain nombre d'autres : Que disent exactement la thermodynamique et la théorie de l'information ? Peut-on énoncer un principe de Carnot valable à la fois pour la thermodynamique et pour la théorie de l'information (donc accessoirement aussi pour les structures ordonnées) ? La copie augmente-t-elle la quantité d'information ? Quels sont les mécanismes en jeu dans l'évolution biologique et dans la création humaine ? Ces mécanismes sont-ils en contradiction avec les principes dégagés ? Tout ceci est traité certes avec une certaine rigueur technique et illustré par des exemples numériques, mais sans perdre de vue les leçons générales qu'on peut en tirer (ce travail a été soutenu comme thèse de philosophie). Bien d'autres questions sont abordées en cours de route : les attributs de la forme et de la matière, le prix de l'ordre, la finalité, etc. En particulier, l'auteur propose une interprétation objectiviste de la théorie de l'information, interprétation qui permet d'éviter bon nombre des difficultés rencontrées avec l'interprétation subjectiviste habituelle.

En tant qu'étudiant en mécanique à l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne, j'ai eu bien du mal à assimiler la notion d'entropie en thermodynamique. Et quand un professeur a utilisé ce même mot dans le domaine de la transmission d'information, mon insécurité s'est encore accrue. Mes camarades étudiants étaient, face à ces problèmes, aussi désemparés que moi. François Bonsack, que j'avais la chance de connaître, me parla de son livre Information, thermodynamique, vie et pensée. Ce fut pour moi une révélation. Enfin un ouvrage qui pose les questions comme elles surviennent à l'esprit d'un lecteur qui cherche à comprendre, et qui le guide dans l'approche d'une matière ardue.

Ce que j'ai particulièrement apprécié chez M. Bonsack, c'est qu'il ne se perd jamais dans des abstractions, qu'il relie ce qu'il expose à des exemples concrets. C'est sans doute ce qui, en tant qu'ingénieur, m'a aidé à comprendre la difficile matière qu'il traite, c'est aussi ce qui m'a permis d'appliquer sans difficulté dans mon travail professionnel les notions qu'il introduit, pour éclairer des problèmes techniques aussi particuliers que par exemple celui d'un bol vibrant pour alimenter une machine d'assemblage, bol muni de chicanes destinées à orienter plusieurs types de leviers de machines à coudre. L'ordre dans lequel on place les différentes chicanes modifie en effet l'efficacité et par conséquent le rendement du dispositif. La formalisation de ce problème est grandement facilitée si l'on estime, selon M. Bonsack, la spécificité du tri.

[Jacques Jacot, Directeur de l'Institut de production à l'École polytechnique fédérale de Lausanne]

Parallèle aux autres grandes découvertes de la physique moderne, née sous l'impulsion de von Neumann, Shannon, Brillouin, et de bien d'autres, la théorie de l'information occupe une place à part dans le paysage scientifique. Le fait que l'information, malgré son caractère abstrait, soit évaluable quantitativement, apparaît naturel au technicien des télécommunications. Mais la démarche scientifique elle-même, la mesure, la modélisation, sont des actes informationnels. Aussi la science de l'information se situe-t-elle nécessairement, tout comme les mathématiques, au niveau des fondements des autres domaines scientifiques.

Les études scientifiques que je terminais en tant qu'étudiant en physique m'avaient laissé sur ma faim, m'offrant une vision éclatée du monde faite d'une multitude de modèles, d'hypothèses, de schémas (et de lacunes) juxtaposés les uns aux autres, et parfois contradictoires. Quand je pris connaissance de la théorie de l'information à travers la synthèse qu'en faisait l'ouvrage Information, Thermodynamique, Vie et Pensée, je sus que je tenais là une piste radicalement nouvelle pour découvrir et comprendre les concepts fondateurs que je cherchais presque inconsciemment. N'était-il pas plus gratifiant, plutôt que de disséquer les détails de la microphysique, de travailler sur des notions synthétiques et unificatrices ? – Je m'orientai donc définitivement dans la voie ouverte par François Bonsack, à qui je dois toute ma reconnaissance pour avoir initié en pionnier cette réflexion fondatrice.

[Gérard Pinson, agrégé de Sciences Physiques, chercheur au laboratoire CEDRIC, CNAM, Paris]

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Mise à jour : 2009-01-02