Pour rendre compte de la philosophie à l'élaboration de laquelle F. Gonseth
a consacré sa vie d'homme, de savant, de pédagogue et de penseur, l'auteur a
choisi la voie qui lui paraissait la plus naturelle et la plus idoine. Il
fallait montrer d'une part que la démarche gonsethienne ne tend pas à construire
un système, mais à promouvoir un organisme vivant, et d'autre part qu'elle ne
témoigne pas d'une volonté de total achèvement. À cet effet, il convenait de
suivre Gonseth dans ses activités créatrices en obéissant tout simplement à
l'ordre chronologique. Il faudrait se concentrer à la fois sur les livres, sur
les articles publiés et sur les inédits; et l'on discernerait en plénitude le
fait que le philosophe et savant suisse s'est presque toujours exprimé en
situation, sans jamais cependant perdre de vue une sorte de fil d'Ariane qui
devait le conduire des sciences de la nature, des mathématiques et de la logique
aux problèmes des sciences humaines, de la morale et de la foi. Une option
s'imposait : ici, on n'a retenu que les livres.
On tient néanmoins l'essentiel, c'est-à-dire la dialecticité, l'ouverture, le
contrôle de l'expérience de la philosophie idonéiste : une dialecticité fondée
sur le mouvement de la recherche éprouvée, donc non hégélienne; une ouverture
laissant libre l'extension de la connaissance et la reprise des fondements; un
contrôle de l'expérience où rationalité recèle aussi bien perspectives
cognitives que perspectives conscientielles. Chercherait-on à qualifier en
quelques mots la philosophie ouverte de Gonseth que conviendrait ce que
Bachelard appelait de ses vœux : un existentialisme à la pointe de l'être
pensant ou une phénoménologie de l'homme studieux.
[4e page de couverture]